Douze heures. Voilà ce qu’indique l’heure de mon réveil projetée sur le mur. Deux heures déjà que je l’observe, sans bouger, deux heures que ces deux petits points clignotants entre deux paires de chiffres m’obnubilent, ou plutôt m’occupent l’esprit. C’est vrai, je pourrais faire autre chose, mais c’est un peu comme compter les moutons, ça vous occupe et du coup, vous ne pensez à rien d’autre. J’ai l’air d’une folle, et je le sais, mais c’est l’un des seuls moyens que j’ai trouvé pour ne pas sombrer dans la vraie folie. Je soupire, je sais qu’il est l’heure. Il est l’heure que je me lève. Bien que je pourrais rester toute la journée dans mon lit, j’ai entendu bien trop souvent Ryan me dire que ce n’est pas une bonne idée. Il est marrant celui-là ! Ça se voit qu’il n’est pas à ma place. Mais je sais que ce n’est pas facile pour lui non-plus, alors je ne l’en blâme pas. Et puis j’avoue que si c’était moi qui avais à s’occuper d’un légume comme moi, je ne tiendrais pas longtemps à essayer de la raisonner sans cesse. Alors oui, bien que ce ne soit pas très perceptible, je fais des efforts. Du moins j’essaye. C’est donc en poussant un gros soupir que je décidai enfin à me redresser. Et ce geste pourtant anodin fit qu’une douleur intense me parcourra dans tout le corps. Je serrai les dents, comme à chaque fois. Depuis le temps, j’avais appris à vivre avec la douleur, et avec un flash-back à chaque coup qui me rappelait pourquoi j’avais mal à tel ou tel endroit. A force, rares étaient ceux qui se rendaient compte de ce court instant d’absence et de douleur. Prenant mon courage à deux mains, luttant contre la tentation de me recoucher, je posai alors le pied à terre et me levai, tout en m’appuyant sur la commode en face de moi. Ryan l’avait fixée au mur, depuis la fois où elle m’était tombée dessus à force de m’y appuyer chaque matin. J’avançai alors à petits pas à travers la chambre encore dans la pénombre. En ouvrant la porte, j’eus un mouvement de recul à cause de toute la lumière intense qui me venait en plein visage. Comme quoi la terre continue de tourner même si vous n’êtes pas réveillé.

« Ryan ?! » criais-je alors. Pas de réponse. Il avait dû partir faire une course, ou je ne sais quoi. Tout en m’appuyant sur les deux murs de part et d’autre du couloir, je me dirigeai vers le salon et la cuisine. J’y découvris un mot de Ryan qui me disait qu’il avait dû se rendre d’urgence à son hôtel et qu’il ne serait pas prêt de rentrer, mais qu’il avait eu le temps de remplir le frigo pendant que je dormais, mais que j’avais intérêt à ne pas le vider en un seul jour. Un amour ce gars-là ! C’est sourire aux lèvres que je m’emparai d’un bol de céréales et de lait pour aller le déguster devant la télévision. Après ça, je me trainai jusqu’à la salle de bain où j’enclenchai automatiquement la radio à fond. Comme à chaque fois, j’évitais l’énorme miroir qui s’y trouvait. A quoi bon m’y regarder encore une fois ? Pour voir si une cicatrice se voit moins qu’avant ? Ou bien si un bleu a disparu ? Ou bien encore pour voir que mes cernes sont encore plus marquées à cause du manque de sommeil et des nombreux cauchemars que je fais ? C’est inutile, je sais très bien à quoi je ressemble, et je sais que je fais peur et peine à voir. Même à moi-même. J’ai même abandonné l’idée de me camoufler sous une tonne de maquillage. A quoi bon ? Je ne sors quand-même jamais d’ici. Le seul à me voir, c’est Ryan, et il m’a vu dans un bien pire état. Après avoir enlevé l’atèle qui soutient mon genou, je me mis sous l’eau chaude de la douche sous des airs de Titanium que je commençai à reprendre à tue-tête. « I’m bulletproof, nothing to lose, fire away, fire away. Ricochet, you take your aim, fire away, fire away. » Une habitude au moins que je n’ai pas perdue. Après m’être rafraichie, je m’enveloppai dans cette serviette douce à souhait avant d’enfiler un pantalon de training large par-dessus ma jambe en piteux état. Fin prête, j’éteignis la radio et sortis de la salle de bain en soutient. Tout en marchant vers ma chambre, j’enfilai mon t-shirt avant qu’un bruit ne me fasse sursauter. J’avoue que ces derniers temps, je croule sous la paranoïa, mais là, il y avait presque de quoi faire un arrêt cardiaque. C’est la main sur la poitrine, cœur battant à tout rompre que j'entendis la responsable s'excuser « Oups, pardon ! Je … Je suis désolée ! ». Revenant à la réalité, je reconnus Kimberly, une amie de Ryan. Et j’en fus presque soulagée. « Ce … c’est rien. » Enfin, ce n’était presque rien, et à vrai dire, je pense que je lui ai fait peur avec la réaction que j’ai eue. Encore un peu et je me couchais au sol pour ramper jusque derrière un meuble pour me planquer. « Ryan n’est pas là, et je ne sais pas quand il rentre. » Ben oui, fallait pas être une lumière pour deviner que c’était pour lui qu’elle était venue.

Il est cinq heure du matin, pourquoi suis-je déjà lever? Parce qu'aujourd'hui est le jour que je déteste le plus de l'année, c'est celui où j'essaie tant bien que mal de m’occuper l'esprit de toute les manières possible... En règle général je fais un peu de sport, comme en ce moment, j'ai décider de faire un bon footing du coup j'ai pris un taxi pour qu'il m’emmène à dix kilomètres de chez moi, de cette façon je n'est pas d'autres choix que de courir pour rentrer. La musique à fond dans les oreilles, je sens le vent qui souffle doucement sur mon visage, je ne suis pas une athlète de haut niveau, mais j'ai la forme et c'est quelques kilomètres ne me font absolument pas peur, surtout si ils peuvent me permettre de vider mon esprit quelques instants... Sur la route je vois des gens en voiture, certains partent travailler, d'autres rentre de soirée et pour le reste ils vivent simplement leur vie. Aujourd'hui je n'irais pas en cours, j'aime assez ce que j'étudie mais, il faut bien avouer qu'on à beaucoup trop le temps de penser à autre chose, je ne peux pas me le permettre aujourd'hui. En regardant ma montre machinalement, je me rend compte que cela fait déjà une heure que je cours, je commence d'ailleurs à reconnaître quelques maisons autour de chez moi. Je n'est pas vraiment envie de rentrer, mais si je continue de courir je vais être complètement éreinter pour un long moment, c'est pas grave je suis sur que même à la maison je pourrais trouver un autre moyen de m'occuper et ce n'est pas louper en rentrant je vois que le ménage n'est pas fait depuis quelques jours, entre le boulot de Liz' et mes cours on c'est un peu laisser aller. Du coup j'enfile des vêtement propres pour commencer à ranger tout ce qui traine, je prendrais ma douche après je ne vois pas l’intérêt de me laver alors que je vais me resalir dans les dix secondes qui suivent. Bref, je m'évertue autant que possible à astiquer chaque recoin de notre petit cocon...

Il est dix-heure du matin, je viens de mettre le dernier sac poubelle dans les conteneurs dehors... Je vais enfin aller sous la douche pour enlever toute cette poussière, avant ça je met mon ipod en route, le branche a ma stéréo et mets le son à fond pour n'avoir aucune chance de penser tranquillement. Je danse sous ma douche autant que possible vu l'espace restreint qu'est celle-ci, l'album ce termine quand je sort enfin de sous l'eau chaude. Je enveloppe dans une grande serviette et me rend jusqu'à ma penderie pour trouver une tenue, quelques chose de simple de toute manière je ne compte rien faire d'exceptionnelle. Un slim noir, une longue chemise bleu marine et des tennis de la même couleur ferons très bien l'affaire, je m'attache les cheveux d'une queue de cheval assez haute et laisse retomber quelques mèches sur mon visage. Je tourne en rond depuis dix minutes, j'ai l'impression que la journée va être longue, puis finalement c'est en regardant par la fenêtre que je trouve quoi faire. Comment s'occuper l'esprit, si ce n'est en réglant certains problème qui encombre ma vie et celui qui me pose le plus de problème en ce moment c'est Ryan, je ne sais pas si il est chez lui, mais je le découvrirais bien assez tôt... J'ouvre ma porte, puis fait à peine quelques pas pour arriver chez mon beau brun préférée, en arrivant j’entends de la musque, je frappe, mais personne de répond. Tant pis je décide clancher, de toute manière puisqu'il m'évite il faut bien que je l'oblige un peu à me voir... Mais, en entrant ce n'est pas Ryan que je vois et ce que je découvre me laisse littéralement sans voix, je ne sais même pas ce que je fais, en voulant me retourner pour partir, je fais tomber des clefs qui étaient poser sur un meuble dans l'entrée. Je me sens tellement bête, je vois Sophie la jeune femme qui vit désormais avec Ryan se retourner, son visage exprime une telle peur que je me sens réellement mal d'être entrer sans qu'on ne me l'autorise. Oups, pardon ! Je … Je suis désolée ! Ma voix se fait toute petite, je voudrais être une petite souris pour ne pas avoir assister à ce que je viens de voir, son corps remplie de marques, je ne sais pas ce qui lui est arrivée, mais d'un coup je m'en veux tellement de l'avoir détester sans même la connaître... Ce … c’est rien. Ce n'est pas l'impression que j'en est mais, tant pis j’esquisse un sourire d’excuse. Ryan n’est pas là, et je ne sais pas quand il rentre. Je la regarde, bien sur Ryan, sur le coup j'avoue l'avoir totalement oublier. Écoute... Je suis sincèrement désoler, je n'est pas encore l'habitude que quelqu'un d'autre que lui vivent ici... Je ne vais pas te déranger plus longtemps, je repasserai. Je commence à me diriger vers la porte d'entrer, puis je me retourne d'un coup. Désoler de n'avoir jamais était particulièrement agréable avec toi... Et au fait officiellement puisque je suppose que tu dois déjà le savoir moi c'est Kimberly... Je lui fait un sourire confus en lui tendant la main.