Who are you, doctor ?

Les hopitaux et moi c’est comme une grande histoire d’amour. Et on est sur tous les deux que ça ne s’arrêtera jamais. Heureusement que je n’avais pas une peur bleue de cet endroit, comme certaines personnes. Mais c’était devenu ma seconde maison dès le plus jeune âge il faut dire. A peine trois ans et je me faisais opérer –et pas des moindres. Puis ma mère était chirurgienne, alors après l’école j’étais toujours allée faire mes devoirs à l’hôpital de St Petersburg –où nous vivions en Russie.
Mais cela faisait six mois que j’habitais à Charlotte et six mois que j’allais dans ce nouvel hôpital. Personne ne me connaissait ici, ce qui me chagrinait un peu. Mais ça avait été pareil à San Francisco, la première année. Je me souviens que les docteurs m’examinaient avec le plus grand intérêt. Ils se disaient tous la même chose, je les entendais penser : « mais comment fait-elle pour marcher ? » ou encore « Elle est danseuse étoile ? Impossible avec ce qu’elle a eu … » Et si mon chou, c’est possible, et ça s’appelle la volonté.

Je suis le genre de fille qui s’habille bien, même pour aller dans un tel endroit, mais après tout, pourquoi s’habiller comme une vieille loque ? Bon certes je comprends tout à fait. La plus part des gens qui viennent à l’hôpital sont malades, ou viennent se faire opérer ou parfois il y a des personnes comme moi, pour faire des contrôles réguliers, mais ces personnes là s’habillent quand même en loques, comme si c’était la fin de leur vie lorsqu’elles vont à l’hôpital. Mais non. Hé ho, faut se réveiller. Même le jour de ma mort je serais bien habillée moi. Faut pas se laisser aller comme ça hein.

L’accueil. Ah toujours le même. Des téléphones qui sonnent à tir la rigot, les secrétaires qui ne vous regardent pas –dont le « Bonjour » on peut l’oublier. Et qui vous envoie dans la salle d’attente numéro vingt-huit là où il y a déjà quinze personnes. C’est donc à ce moment là que vous faites un long calcul, qui est : vingt fois vingt huit. Ca donne beaucoup. Faut donc se dire qu’il ne faut pas mourir tout de suite quoi. Mais cette fois ci, quand je me présente, la secrétaire lève la tête, me sourie et me dit « Bonjour Mademoiselle Tchekhowitz. Le docteur Grey va vous prendre tout de suite. » Whaw Whaw Whaw. Je lui souris en retour. Commencerais-je à me faire enfin connaitre ? Ha dieu soit loué, je ne suis plus un fantôme qui vient deux fois par mois.

A peine dix minutes plus tard je retrouve le docteur Grey qui m’entraine dans ma chambre habituelle. Ce docteur est très gentil, doux et lorsqu’il me plante les aiguilles dans le dos ne me dit pas « attention ça va piquer. » Sérieusement, ne pensent-il pas que ca fait dix sept ans que je sais que ça va piquer et que je vais pleurer comme toujours ? Leur baratin ils se le gardent. Mais le docteur Grey ne fait pas ça, il a le tact de me demander comment se passe ma vie à Charlotte, si je m’y plais assez et tout le tralala, ce qui me fait quelque peu oublier où je suis, et ce qu’il se passe dans mon dos.

Une heure plus tard c’est fini. Et je suis allongée dans mon lit, en chemise horrible qui ne s’attache pas sur nos fesses ce que je hais le plus au monde, c’est pour ça que je prévois toujours ma petite pince à nourrice. Car je vous avoue, j’adore me balader dans les hôpitaux ou plutôt aller chercher un truc à manger au distributeur et aller papoter avec les infirmières.
Lorsque je suis venue pour la première fois dans cet établissement, je me souviens d’avoir été assez surprise, il était grand pour une ville telle que Charlotte. Ou plutôt je ne m’attendais pas à tomber sur une ville telle que celle-ci.

Plongée dans ma série télévisée à l’eau de rose, ma boite de mouchoirs sur les genoux, je remarquais du coin de l’œil une présence s’attardant devant ma chambre. Je me tournai aussitôt pour apercevoir se docteur sexy et très jeune –qui me rappelait Dimitri – me fixer. Je lui fis un sourire accompagné d’un petit signe de la main avant de devenir cramoisie. Ce n’était pas la première fois que je le voyais. Et j’avoue qu’il m’intriguait. Il semblait distant, très intelligent mais froid. Après tout, peut-être que je me trompais.

Who are you, doctor ?

Jude avait passé une journée des plus horrible, rien n'allait comme il voulait, ses petites manies nb'avaient pas été respectées au bloc, lui qui aimait que chaque chose soit à sa place s'était retrouvé à devoir tout trier parce que les infirmières qui l'accompagnaient étaient des incapables. Et ce qui le déprimait encore plus c'est que le reste de sa semaine n'avait pas été mieux, bien au contraire, tout comme le mois complet en fait. Le retour de Pippa, et avec elle son fiancé Maddox, le départ à la retraite de son infirmière de bloc préférée et même son ami Aaron, le seul homme de l'hopital qu'il apprécie était absent. Une chose était sûr Jude avait besoin de se changer les idées et pour ça quoi de mieux qu'un petit détour vers un étage de l'hopital inconnu au bataillon?!

Deux étages séparaient le service de chirurgie de celui des contrôles de routine et Jude ne s'aventurait jamais sur ce terrain, il était chargé de sauver des vies, ce qui se passait après ne l'intéressait pas, il préférait laisser ça aux personnes bien moins talentueuses que lui. Pourtant aujourd'hui cet étage lui paraissait etre le meilleur endroit pour s'évader, après tout il s'agissait presque d'un autre monde pour lui. Observant les médecins s'activer le jeune homme avait des milliers de critiques à leur faire, ils ne faisaient pas attention aux détails, perdaient leur temps à ne pas réfléchir, brassaient de l'air comme on le dit souvent. Lui aurait été bien plus efficace le jeune homme en était sûr. Il était d'ailleurs très étonné du nombres de personnes présentes, les gens avaient-ils autant besoin d'être rassurés après une opération?! Après tout lorsqu'il opérait, il le faisait bien, tellement bien qu'il était sûr que ses patients n'avaient pas besoin de contrôle post opératoire tant il était doué, et pourtant il reconnaissait certains de ses patients, ces idiots qui n'avaient pas confiance en lui.

Quelques mètres plus loin les jambes du beau bruns s'arrêtèrent net, devant une chambre simple. Dans cette chambre se trouvait une magnifique blonde, qui malgré le désintéressement chronique de Jude pour les personnes l'entourant, retenait son attention. Les yeux emplie de larme le jeune homme ne pu s'empêcher de se demander quelle était la raison de ces larmes. La jolie blonde du se sentir observée puisqu'elle se retourna vers lui en quelques secondes, ses yeux bleu étaient vraiment fabuleux, faisant perdre son sang froid au jeune médecin. Ce n'est qu'après un instant d'hésitation qu'il pris la parole. « Vous êtes Mlle Tchekhowitz? » Nora Tchekhowitz, Jude avait souvent entendu parler d'elle si bien qu'il l'avait pour ainsi dire reconnu immédiatement. Sa question n'en était pas vraiment une puisqu'il connaissait la réponse, en même temps Jude connaissait toutes les réponses. Il n'était d'ailleurs pas rare qu'on l'associe à la jeune femme pour cette raison, ils étaient deux bizarrerie de la nature, trop différents des autres pour être reconnus normaux. Nora était connu pour sa beautée hors norme mais bien souvent les médecins ajoutaient qu'elle était une miraculée, une femme qui ne devrait pas marcher et qui risquait de s'écrouler à tout moment, son corps était considéré comme anormal alors que pour Jude son esprit était anormal aux yeux du monde, et c'est peut-être pour ça qu'il s'est malgré lui senti proche de la jolie blonde.

Who are you, doctor ?

La jeune femme était charmante, et bien que Jude ne s'attarde jamais sur le physique des autres il ne pouvait s'empêcher de la contempler. Bien souvent il lui arrivait de fixer les gens de manière impolie, on le lui reprochait sans arrêt, et une nouvelle fois il devait avoir l'air effrayant aux yeux de la jolie blonde il en était sûr et pourtant cela ne lui importait aucunement. Après tout beaucoup la trouvait effrayante aussi, elle devait être habituée à ce genre de regard, même si Jude ne la dévisageait pas pour les mêmes raisons. Certes il voulait comprendre comment elle avait pu s'en sortir si bien, mais à ses yeux il n'y avait rien d'anormal, une simple explication scientifique résoudrait probablement le mystère. « Tout à fait Docteur [...] Cooper! » La voix suave de la blondinette sorti le jeune médecin de ses pensées. Il fut même étonné qu'elle hésite étant à al recherche de son nom, les gens le critiquaient tellement dans les couloirs que tout le monde le connaissait sans même l'avoir jamais renconrtré et pourtant cette fille ne semblait pas le connaitre. Peut-être s'en fichait-elle royalement, à moins qu'elle ne soit juste pas du genre à écouter les ragots. Mais Jude ne pouvait pas lui retirer le mérite d'avoir pensé à regarder sur sa blouse, effort que 90% des personnes n'auraient pas fait car ces incultes n'y auraient même pas pensé. Une nouvelle fois la jolie blonde marquait un point, se démarquant de reste du monde comme lui s'en démarquait fortement. « Vous venez vérifier si tout va bien ? J’ai fait des analyses de ma moelle ce matin, et le docteur Grey n’est pas revenu. Ce qui signifie qu’il n’y a rien d’important. Ou alors peut-être me prépare-t-il une salle d’opération. C’est ça ? Et c’est vous le chirurgien? » On voyait clairement que Nora savait de quoi elle parlait, elle devait avoir l'habitude de ces test si bien que cela ne l'effrayait plus, ni même ne l'angoissait un minimum, parlant sans s'arrêter la jeune fille se mit à rougir, comme honteuse de s'être emportée ainsi, et cette petite gène fit sourire le médecin. « On ne m'a encore rien demandé tout doit être ok. » Etait-il réellement en train de la rassurer?! Ce n'était pas son genre. Au contraire même on lui avait presque interdit de parler aux patients à cause de son manque de tact, nombreuses étaient les fois où il avait annoncé la mort d'un proche à une famille comme il avait commandé un jambon beurre. « Quoi que aux vues des compétence du Dr Grey si quelque chose ne va pas il doit se demander comment vous annoncer la nouvelle sans que vous lui colliez un procès aux fesses, et si tout va bien il est probablement en train de jouer au golf. » Voilà qui lui ressemblait plus, descendre un de ses collègues bien moins brillant et talentueux que lui.